Photographie - Far East par Géraldine Lay
- elisebeltramini
- 3 août
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Dernière mise à jour : 5 août
Dans Far East, la photographe Géraldine Lay présente une cinquantaine de photographies prises au Japon entre 2016 et 2019, au fil de quatre saisons. Elle y explore les alentours d’Osaka, Kyoto, Beppu ou Kagoshima. Loin des lieux attendus, son regard s’attarde sur les marges : rues calmes, façades vieillies, scènes de vie croisées. Des fragments urbains qui dessinent une autre cartographie du territoire.
La lumière chaude, presque dorée, y tient un rôle central. En automne, elle semble flotter sur les murs, révéler les volumes et souligner les matières. Les visages sont souvent baignés dans une clarté blanche, comme un flash naturel. On y sent le soleil bas, en début ou en fin de journée. Parfois, un jaune éclatant surgit au sol, une trace de peinture qui fait écho, quelques images plus loin aux fleurs : des pompons de Kerria japonica, peut-être.
Ce jeu de correspondances visuelles est constant : les cadrages font dialoguer les images entre elles, les détails circulent d’une scène à l’autre. Un grand cornet de glace en plastique, typique des signalétiques rétro, trône au pied d’une devanture ancienne en bois. Les textures, les matières s’opposent sans violence : le plastique se pose contre le bois, le métal contre le végétal, dans une forme de coexistence douce.
Les personnes photographiées occupent souvent le centre de l’image. Certaines croisent le regard de l’objectif, d’autres paraissent absorbées par leur quotidien. Elles deviennent les figures silencieuses d’un récit diffus, jamais spectaculaire, mais empreint d’une attention fine à ce qui compose une atmosphère. Une grand-mère aux cheveux blancs promène son chien, son pull rouge profond contrastant avec la neutralité des façades grises. Détail après détail, ce sont des scènes à la fois ouvertes et précises, où rien ne semble figé.
À travers ces images, c’est un Japon périphérique qui se dessine. Géraldine Lay observe, mais ne cherche pas à percer de mystère. Elle capte ce qui se présente : la signalétique au sol, les lignes sur la route, les croisements de générations, les formes d’une cohabitation urbaine. Certains lieux semblent abandonnés, d’autres discrètement habités ; parfois, une simple enseigne ou un rideau entrouvert suggère que la vie est encore là. Elle ne cherche pas à expliquer mais à ressentir. Son regard se laisse déplacer, accepte l’étrangeté, l’écart entre ce qu’on croit voir et ce qui se révèle. Il en ressort une impression flottante, portée par l’expérience du quotidien, et par l’idée qu’un paysage peut contenir bien plus que ce qu’il montre.
Née en 1972 à Mâcon, Géraldine Lay vit et travaille à Arles. Diplômée de l’ENSP, elle développe depuis 2005 un travail photographique sensible sur les marges du quotidien, représenté par la galerie Le Réverbère. Éditrice chez Actes Sud puis aux Éditions Poursuite, elle publie plusieurs monographies, dont Far East, fruit de séjours au Japon entre 2016 et 2019. Son œuvre est régulièrement exposée, en France et à l’étranger.
Actualité : En partenariat avec la galerie Le Réverbère (Lyon), l’exposition Far East de Géraldine Lay est présentée jusqu’au 23 août 2025 à Les arts au mur artothèque, à Pessac (33600).
Photos © Géraldine Lay
Texte : Elise Beltramini
Découvrir le travail de Géraldine Lay
@lay.geraldinee