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Photographie - Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe par Cyrus Cornut

Dans son ouvrage photographique Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe, le photographe documentaire et architecte de formation Cyrus Cornut dépeint le portrait de la plus grande municipalité du sud-ouest de la Chine, Chongqing. Immersion à la croisée de deux mondes, entre ruralité et ultra-urbanisation.

Avec ses 34 millions d’habitants et ses 300 000 nouveaux arrivants chaque année, notamment, des populations rurales déplacées du barrage des Trois-Gorges, la municipalité de Chongqing représente l’une des plus fortes croissances démographiques et économiques mondiales. Sillonnée par le fleuve Yangtsé et la rivière Jialing, c’est à une vitesse effrénée qu’infrastructures tentaculaires et brume ininterrompue forment un décor futuriste, digne d’une scène de science-fiction. Alors que les chantiers continuent de pousser sur le moindre mètre carré, les rives immuables et sauvages, tiennent bon face aux déchets toxiques rejetés par les nombreuses industries sur place et à la superposition de constructions artificielles toujours plus gigantesques. Le contraste saisissant d’un paysage fragmenté entre passé et présent est ici magnifié par la chambre photographique 4x5. La précision des détails et l’échelle humaine intégrée dans l’échelle urbaine permettent ainsi de rendre compte de cette immensité écrasante où l’homme de la taille d'une fourmis tente de se frayer un chemin, de plus en plus restreint.


Malgré la portée écologique et sociale évidente, c'est avec son regard de photographe témoin d'une profonde mutation, que Cyrus Cornut nous révèle une représentation du réel subjective et poétique. Alors que l'on imagine un chaos incessant et une dualité pesante, les images de l'artiste amènent à la contemplation. La lumière claire et molletonnée adoucie l'air saturé, la témérité des baigneurs et l’errance des marcheurs font un instant oublier l'inexorable, les parties de pêche et les parcelles de terre laissent entrevoir l'espoir qu'il y aurait encore une valeur nourricière à donner à cette nature écartelée entre chétive végétation et mastodonte de béton. Chongqing, silencieuse et paisible propose un contrechamps puissant qui éclaire, laisse en suspens et pérennise un lieu de vie en perpétuelle évolution.


Photographe et architecte de formation basé à Paris, le travail de Cyrus Cornut s’oriente en premier lieu sur la ville, sa plastique, ses évolutions, ses traces, ses vides, et sur les comportements humains qu’elle induit. En 2006, son premier travail sur les villes chinoises est exposé aux Rencontres Internationales de la photographie d’Arles sous la direction artistique de Raymond Depardon. Il sera membre de l’agence coopérative Picturetank qu’il intègre en 2007, jusqu’à sa fermeture en 2017. En 2010, avec le groupe France14, il expose « Voyage en périphérie », travail sur les paysages de logements de masses en Île de France. A partir de 2011 ses recherches s’orientent également sur la place du végétal dans le paysage urbain, mais aussi vers le paysage rural. Ainsi né “Le voyage d’Alberstein” travail de collaboration qui tente la synthèse entre différents questionnements sur l’humain, son environnement naturel, planifié ou relationnel et le cadre temporel dans lequel il évolue.

Il développe aujourd’hui un travail à la chambre 4x5 qui lui permet de poser un regard lent sur les évolutions urbaines, en Asie, comme en France, ainsi qu’une écriture d’avantage plastique mêlant dessin, gravure et photographie.





Photos © Cyrus Cornut

Texte : Elise Beltramini

 

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