Clarissa Connelly, artiste écossaise basée à Copenhague, dévoile avec World of Work une œuvre unique où le quotidien et le sublime se rencontrent.
Après ses deux premières sorties, Tech Duinn (EP, 2018), un projet expérimental posant les bases de son univers sonore autarcique, et The Voyager (2021), un album inspiré par les paysages scandinaves et les mélodies des anciens sites préchrétiens nordiques, World of Work marque un tournant dans le parcours de la productrice, compositrice, chanteuse et multi-instrumentiste. Ce nouvel opus, sorti au printemps 2024 sous le label britannique Warp Records, explore des territoires à la fois introspectifs et universels.
Clarissa Connelly puise son inspiration dans une diversité d’influences, allant des mythes nordiques aux réflexions philosophiques et littéraires, pour construire un langage musical à la fois intemporel et profondément innovant. C’est lors de son passage au festival La Route du Rock en août dernier que j’ai eu le plaisir de la découvrir sur scène, et il m’a semblé naturel de clore l’année en mettant en lumière son travail.
Les morceaux de World of Work s’apparentent aux pièces d’un puzzle narratif, chaque titre contribuant à un tout organique. Dès Into This, Called Loneliness, des cloches récurrentes instaurent un fil conducteur subtil, tandis que le piano ouvre sur une atmosphère intime et méditative. Contrairement à une simple montée en intensité, l’album déploie un jeu de textures et de contrastes : guitares distordues, percussions et voix s’entrelacent pour explorer des paysages sonores riches. Le dernier morceau, Song of the Sword S.O.S., vient finaliser cet assemblage avec force et poésie.
Sur le fond, l’album aborde des thèmes centraux comme la quête de soi, la solitude et l’introspection, mais aussi les tensions entre le quotidien et l’exaltation, incarnées par les limites du corps, l’art et la recherche de sens. Clarissa nous invite à explorer notre rapport au monde matériel, tout en réfléchissant aux paradoxes humains : l’aliénation face aux exigences extérieures et la quête d’une revitalisation intérieure par l’art et la contemplation. Cette réflexion se retrouve dans des morceaux comme Wee Rosebud, qui évoque la naissance d’un nouveau cycle, symbolisé par l’épanouissement d’une rose, et An Embroidery, où les paroles traduisent l’idée de partir pour mieux se retrouver, explorant les tensions entre solitude et renouveau.
World of Work va au-delà des frontières temporelles et culturelles et impressionne par son approche expérimentale superposant des couches d’instruments acoustiques et électroniques. La voix profonde de Clarissa, soutenue par une orchestration minutieuse, agit comme un guide à travers cet itinéraire sonore. Après l’avoir écouté, je vous invite à poursuivre l'expérience avec son dernier titre, Give it Back, qui ouvre la voie à un nouveau chapitre dans cette exploration musicale.
Clarissa Connelly puise son inspiration dans les mythes nordiques et les paysages sacrés, mêlant chansons folkloriques nordiques, chants médiévaux et pop moderne. Avec une approche singulière, elle continue de surprendre par la profondeur et la richesse de son univers musical.
© Amy Gwatkin
© Élise Beltramini
Texte : Élise Beltramini
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