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Initiative solidaire - Portrait de L' Alternative Urbaine avec Marie Hebrard


C'est au coeur de Bordeaux, puis du haut du Rocher de Palmer à Cenon que passion pour le patrimoine et engagement social se sont rencontrés pour former un itinéraire hors des sentiers battus. l'Alter-Culturelle, c'est une aventure humaine à découvrir en bas de chez vous, au coin de cette rue que vous côtoyez chaque matin, où de celle un peu plus loin qui mérite de s'y attarder plus longuement.

Faisons un bout de chemin avec Marie Hebrard, Chargée de développement culturel et communication de l'association, qui nous raconte l'histoire d'un projet pas comme les autres, où énergie collective, partage de savoir-faire et goût pour la rencontre apportent un nouveau regard sur la ville, plus convivial et proche de ses habitants.


Au sein de la pépinière du Rocher de Palmer à Cenon, l'esprit coopératif et l'énergie super vitaminée des différents membres de l'Alter-Culturelle inventent un nouveau tourisme de proximité.

Parmi les différentes actions mises en place dans cet écosystème participatif et ouvert à tous, L'Alternative Urbaine propose à des "éclaireurs urbains" éloignés de l'emploi, de faire découvrir aux locaux et visiteurs de passage, l'histoire d'un quartier bordelais, un quartier que ces éclaireurs urbains ont vu évoluer, se transformer, un quartier pour lequel une attache particulière est parfois perceptible lorsque les anecdotes agrémentent les recherches minutieusement préparées.


Une expérience instructive et chaleureuse que Lueur Vive a pu découvrir et mettre en images en compagnie d'Hicham, notre guide dans le quartier Belcier Carle-Vernet où manufactures d'un autre temps et grands projets d'urbanisation forment un contraste architectural surprenant. Côté rive-droite de la Garonne, Samira nous a conté l'histoire du quartier de La Bastide, qui derrière la discrétion de ses façades au style Art déco, fût pionnier en terme d'avancées sociales. Bonne visite !





Présentez-nous la naissance de votre association l’Alter-Culturelle ?

L’association voit le jour lorsque nos 5 membres fondateurs se rencontrent en 2016, tous voisins sur le quartier Saint-Michel à Bordeaux. L’alchimie est immédiate : certains sont amoureux du patrimoine et de ce qui fait mémoire tandis que les autres sont déjà engagés dans le tissu associatif local. Ils partagent leur passion commune des petites histoires imbriquées dans la grande : ces anecdotes et rencontres incarnées par les habitants des quartiers dits “populaires” qui transforment ce que l’on juge ordinaire en extraordinaire.

L’idée d’une nouvelle forme de tourisme de proximité et participatif naît : faire découvrir Bordeaux dans sa diversité en organisant des balades urbaines dans les quartiers méconnus ou mal connus, et notamment les quartiers prioritaires.

Et si on changeait les regards sur ces quartiers ?


Quel est le type de votre structure, comment fonctionne-t-elle et par qui est-elle gérée ?

Nous sommes une association loi 1901 dont le fonctionnement repose sur une gouvernance démocratique. Elle est administrée par 10 bénévoles qui se réunissent tous les 2 mois. Ce sont eux qui décident ensemble des grandes orientations stratégiques de la structure en coopération avec les salariées (3 salariées à temps plein, 1 personne en contrat d'alternance, et 1 volontaire en service civique). Tous portent une compétence ou un savoir-faire aidant à la gestion de l’association (urbanisme, patrimoine, diffusion et partenariats culturels, ressources humaines, psychologie etc.).

Nous souhaitons développer un fonctionnement coopératif grâce à des bénévoles impliqués sur l'ensemble de l'activité de l’association (accompagnement des balades, formation des éclaireurs urbains, vie associative etc.).







Êtes-vous une structure indépendante et faites-vous partie d’un réseau de lieux, formel ou informel ?

Nous ne faisons pas partie d'un réseau de lieux, mais nous nous inscrivons dans deux réseaux d'acteurs sur Bordeaux : le 1er sur le volet social de notre action. Nous sommes membres du Collectif Emploi, une communauté de structures œuvrant dans le champs de l'insertion professionnelle.

Nous nous impliquons aussi dans la structuration du Labo de Transition vers les Droits Culturels, un collectif d'acteurs intéressés par le référentiel des droits culturels, qui souhaitent l'incorporer dans leurs structures et leurs manières de faire et d'agir.

Nous faisons également toujours parti de la communauté d'acteurs portée par ATIS, suite à leur accompagnement en 2017.


Dans votre démarche de valorisation d’une ville décloisonnée et plus inclusive, quelles actions développez-vous ?

Nous portons deux projets distincts :

- L’Alternative Urbaine Bordeaux qui propose chaque année une saison culturelle de balades urbaines pédestres pour découvrir les quartiers méconnus ou mal connus (QPV) de Bordeaux et ses communes. Les balades sont animées par des “éclaireurs urbains”, des habitants éloignés de l’emploi, pour qui cette activité rémunérée est un tremplin de retour vers un cadre professionnel.

Nous proposons donc une saison grand public de balades à prix libre et proposons en parallèle des balades privatives pour les entreprises, associations et acteurs publics du territoire.

- L’Alternative Formation, Organisme de Formation Datadocké depuis 2019 et certifié Qualiopi en 2021, nous permettant de développer une nouvelle branche d’activités : la formation professionnelle innovante de personnes éloignées de l’emploi, notamment par la médiation culturelle et le théâtre.







Quelles sont les thématiques abordées lors de vos balades à Bordeaux et en périphérie ? Que souhaitez-vous faire émerger chez les promeneurs ?


Nos balades évoquent l'histoire populaire des quartiers parcourus (habitat social, lieux de vie, histoire industrielle et ouvrière). Elles mettent aussi en lumière leur tissu associatif et culturel, les œuvres artistiques dans l'espace public (commandes publiques, street-art).

Enfin, nous avons à cœur de mettre en avant le vécu personnel de l'éclaireur urbain qui anime la balade, son regard, et son propre fil rouge.

Ce sont ainsi des balades singulières. Sur un même quartier, deux balades peuvent être très différentes en fonction de qui anime la balade !



Présentez-nous le parcours vers l'emploi que vous proposez aux éclaireurs urbains ?

Les éclaireurs urbains sont des personnes éloignées de l'emploi qui connaissent des freins à leur retour vers une nouvelle voie professionnelle.

Ils sont 12 à intégrer un parcours d'insertion professionnelle de 10 mois composé de :

Une formation professionnelle rémunérée de 82h où l'on travaille la prise de parole en public et l'animation de groupe avec un comédien professionnel, un deuxième sur l'histoire de Bordeaux avec le Musée d'Aquitaine, Bordeaux Patrimoine Mondial (CIAP), et les Archives Bordeaux Métropole.

Enfin, les stagiaires travaillent à la construction de leur balade en coopération des bénévoles de l'association. Un métier tremplin d'animation des balades en parallèle d'un accompagnement socio-professionnel de 100h réparties en 7 mois.

Ce dernier se veut individualisé et fonctionne sur une proposition d'ateliers en partenariat avec des acteurs associatifs partenaires.

Il se compose de :

De temps d’accompagnement individuels obligatoires sur sa recherche d’emploi (rdvs mensuels, enquêtes métiers, visites d’entreprises)

D'un parcours collectif (ateliers numériques à visée professionnelle, conseils sur la posture pro, ateliers collaboratif pour une recherche d’emploi autonome, mobilité etc.)

De sorties culturelles via une vie associative dynamique

Nous souhaitons ainsi contribuer à une reprise de confiance et d'estime des éclaireurs urbains, une prise de conscience de leurs ressources personnelles et professionnelles dans l'objectif de retrouver un emploi ou une situation professionnelle en réponse à leurs attentes.




Quelles valeurs défendez-vous et de quelle manière vos actions ont-elles un impact sur le territoire ?

Nous défendons des valeurs de bienveillance et d'ouverture d'esprit à l'autre. Nos actions impactent le territoire sur deux volets :

Nos balades contribuent à faire reconnaître l'Histoire des quartiers prioritaires et les récits de ceux qui y habitent au même titre que les quartiers mis en valeur traditionnellement.

70% de nos promeneurs changent de regard positivement à la suite des balades auxquelles ils ont participé.


Nous souhaitons contribuer à impacter positivement ces territoires en embauchant des personnes habitants les quartiers parcourus afin que ce soient eux qui prennent parole dans l'espace public, eux qui transmettent leur regard sur les quartiers parcourus et leur propre trajectoire de vie.

De même, en mettant en avant leur tissu culturel et associatif, nous favorisons une meilleure connaissance des acteurs implantés dans ces quartiers afin qu'ils soient connus de l'ensemble des habitants de la métropole, et pas seulement de ceux qui habitent à proximité.

35% de nos promeneurs reviennent sur les lieux rencontrés lors des balades, et notamment les associations.







Avez-vous une anecdote signifiante que vous souhaitez partager ?

Une non, mais plusieurs oui ! De façon générale, nos balades comptent des habitants des quartiers parcourus parmi nos promeneurs.

Souvent, les balades deviennent des espaces de rencontre et d'échange. Il arrive régulièrement qu’éclaireurs urbains, bénévoles et promeneurs boivent un coup ensemble après la balade pour poursuivre les échanges !


Quelles difficultés rencontrez-vous et quelles perspectives de développement du projet envisagez-vous ?

Nous parcourons 8 quartiers dans lesquels nous souhaitons développer et entretenir une relation suivie avec les acteurs implantés dans ces derniers.

Cela nous demande un gros travail de rencontre et de présence lors de fêtes de quartiers afin que nous ayons une proximité avec les associations, habitants, acteurs variés du quartier.


De même, nous accompagnons seulement 12 personnes par an pendant 10 mois.

Cette petite équipe associée à l'arrivée dans un collectif de 70 personnes (bénévoles, éclaireurs urbains, équipe opérationnelle) qui nous permet d'accompagner au plus près les éclaireurs urbains. Car nous envisageons l'accompagnement socio-professionnel de façon globale en entretenant un lien de confiance et une réelle proximité avec eux.


Les freins d'une personne pour retrouver un emploi ne sont pas toujours liés à l'usage des outils numériques ou de sa mobilité, mais aussi à sa situation personnelle et au regard qu'elle porte à elle-même.

Ainsi, au delà de la sortie positive vers l'emploi, nous agissons sur le bien-être et l'estime de la personne, sa contribution et participation en tant qu'individu à la vie culturelle.

Ces indicateurs ne sont pas toujours pris en compte par nos financeurs, nous travaillons ainsi à les faire reconnaître en parallèle des sorties dites positives vers l'emploi.

Nous avons renforcé en 2022 notre accompagnement. Nous souhaitons développer à l'avenir de nouvelles missions de travail pour les éclaireurs urbains, toujours liées à la prise de parole et à la médiation. Nous réfléchissons également à la façon dont nous pourrions essaimer le concept sur d'autres territoires en France.








Actuellement, avez-vous des connexions avec d’autres structures de la ville ?

Oh beaucoup ! Notre tissu partenarial est très large !

Sur le volet économique, nous sommes notamment financés par l'Etat, la Région, le Département, la Métropole et ses communes.

Nous sommes également en relation avec les services des archives des communes (pour la construction des balades) et les services communication (pour le relai de nos balades).

Nous travaillons avec les acteurs du secteur de l'insertion professionnel et du social dans les quartiers parcourus, mais pas que.

Enfin, comme je le disais plus haut, nous déployons beaucoup d'énergie à connaître les associations du territoire, à tisser des liens avec elles.

Enfin, nous avons aussi des connexions avec des entreprises du territoire qui nous commandent des balades urbaines régulièrement.









Quels types de structures aimeriez-vous inciter à vous contacter pour de futures collaborations ?

Des entreprises du territoire pour qui l'organisation d'une balade pourrait faire sens dans le cadre d'un séminaire de travail ou leur CE d'entreprise.

Des associations artistiques, culturelles, ou en lien avec les habitants pour développer de nouveaux projets.


Que pouvons-nous vous souhaiter en ce printemps 2022 ?

Que les balades attirent de nouveau bon nombre d'habitants, se rencontrant lors de ces dernières dans un climat convivial, chaleureux.

Et bien sûr, que les éclaireurs urbains atteignent leurs objectifs professionnels et personnels, que nous puissions contribuer à ce qu'ils s'émancipent de ce qui peut les freiner dans la période où ils se trouvent.



Propos recueillis et photographies par Elise Beltramini

 

L'Alter-Culturelle




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