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Photographie - 21e édition du Festival Photo La Gacilly

Pour sa 21ème édition, le Festival Photo La Gacilly propose un parcours engagé autour de la thématique Australie & Autres regards. Dans le paysage culturel breton, le festival se distingue par sa capacité à mettre en lumière des problématiques contemporaines, incitant le public à réfléchir sur des enjeux sociaux, environnementaux et humains. Le cadre pittoresque du village de La Gacilly, qui accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs, offre un espace privilégié pour explorer ces questions d'une manière accessible et à échelle humaine.



Origines, Bobbi Lockyer



Parmi les 20 projets exposés, je vous partage ici 8 séries photographiques qui ont particulièrement retenu mon attention. Qu'elles soient spectaculaires, contemplatives, documentaires ou poétiques, chacune m’a touchée par la force de son message visuel, la profondeur de son récit ou encore par sa manière d’habiter l’espace du festival.

Cette édition 2024 se distingue par la richesse de ses points de vue, invitant chacun·e à trouver une résonance personnelle face aux enjeux actuels. Ce dialogue de perspectives apporte une vision approfondie sur des problématiques cruciales, abordées sous des angles complémentaires.


Australie : une terre de lutte et d’espoir


Les séries photographiques consacrées à l’Australie, au centre de cette 21e édition, dévoilent un pays en proie à des contradictions profondes. Les vastes étendues du territoire australien, souvent romancées dans les récits historiques, révèlent une réalité complexe. Les enjeux liés à la colonisation, à l'identité culturelle et à l'environnement mettent en lumière des dynamiques souvent laissées de côté. À travers le travail de photographes contemporains, ces contradictions émergent avec une intensité particulière, nous poussant à réfléchir à notre rapport avec ce vaste et lointain continent.


Adam Ferguson, avec sa série Big Sky, explore l'immensité des paysages australiens tout en interrogeant leur fragilité face aux conséquences des activités humaines. Inspiré par Richard Avedon, il examine les liens entre l'histoire coloniale, la crise climatique et la vie quotidienne dans les zones rurales, tout en rendant hommage à la souveraineté des aborigènes. Matthew Abbott, à travers Feux et contrefeux, documente les incendies dévastateurs de 2019-2020, surnommés "Black Summer". Ses images illustrent la puissance destructrice du feu et l'urgence d'une prise de conscience sur la préservation des écosystèmes. Viviane Dalles, avec sa série Terra nullius, nous emmène dans le Territoire du Nord, où elle documente la vie des habitants des fermes isolées. En abordant la notion de terra nullius, qui a légitimé la colonisation de l’Australie, elle met en lumière les défis d’accès à l’éducation des enfants vivant dans ces régions éloignées, où l’école leur parvient par le biais d’outils numériques.



Terra nullius, Viviane Dalles


Autres Regards : vers une compréhension globale


Dans la section Autres Regards, le festival invite à une réflexion approfondie sur les problématiques globales, en mettant en parallèle les difficultés auxquelles fait face l'Australie avec celles qui touchent le monde entier. Cette exploration transcende les frontières géographiques pour aborder des questions de justice sociale, d’environnement et d’identité.


Alessandro Cinque documente, dans sa série Terres souillées, corps blessés, les luttes des populations andines face à l’exploitation minière au Pérou, en Équateur, en Argentine et en Bolivie. Ses images saisissantes dévoilent à la fois les impacts environnementaux de cette industrie et la résilience des communautés affectées. George Steinmetz, avec Nourrir la planète, utilise des photographies aériennes pour interroger les systèmes de production alimentaire mondiaux. Ses images spectaculaires nous poussent à réfléchir à l’impact de l’agriculture intensive sur notre planète. Mitch Dobrowner, quant à lui, explore les manifestations des tempêtes dans Dans l'œil du cyclone, capturant la force brute de la nature et l’urgence de la préservation environnementale face aux dérèglements climatiques.

Les séries de Bernard Plossu et Joel Meyerowitz, figures incontournables de la photographie contemporaine, offrent des visions distinctes qui interrogent les enjeux contemporains. Joel Meyerowitz, à travers sa rétrospective À travers les villes, plonge dans l’urbanité américaine, révélant comment les villes, symboles de progrès, incarnent également des contradictions au sein de la société de consommation. Ses images, oscillant entre calme et effervescence, invitent à réfléchir sur notre rapport au paysage urbain.

De son côté, Bernard Plossu, dans Couleurs Fresson, explore des paysages avec une sensibilité qui transcende le spectaculaire. Son utilisation du procédé Fresson confère à ses tirages une texture unique, mettant en avant une approche contemplative de la nature. Ses images soulignent la beauté des instants simples et interrogent notre rapport à l’environnement.



 Terres souillées, corps blessés, Alessandro Cinque



Nourrir la planète, George Steinmetz



À travers les villes, Joel Meyerowitz


Couleurs Fresson, Bernard Plossu


Un festival accessible et engagé


Le Festival Photo La Gacilly se positionne comme un lieu incontournable de réflexion sur les enjeux sociaux et environnementaux depuis plus de 20 ans. Cette édition met en lumière le rôle essentiel des photographes issus de différentes nationalités et cultures, qu'ils soient artistes émergents ou talents reconnus. À travers leurs photographies, outils de sensibilisation allant au-delà de la simple esthétique, ces créateurs révèlent des réalités parfois ignorées, incitant le public à interroger des problématiques pressantes. Leur regard et leur démarche artistique engagent le spectateur à ressentir, comprendre et questionner son rapport au monde, tout en transmettant un message d'espoir. La scénographie du festival, intégrée dans le cadre pittoresque du village, établit un dialogue vivant entre les œuvres et l'espace public, rendant les thématiques abordées accessibles à tous.

Jusqu’au 3 novembre 2024, le festival offre une opportunité unique de découvrir comment la photographie peut éclairer notre compréhension des défis actuels tout en éveillant une conscience collective.



Texte et photos © Élise Beltramini

 

 

Plus d'infos sur le Festival Photo La Gacilly



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